Pourquoi des blockhaus à Charvonnex ?

Introduction
 
            Depuis les travaux de Fernand Braudel, au milieu du XXème siècle, nous savons que la « longue durée » est une des composantes de l'étude de l'Histoire. C'est particulièrement le cas pour notre sujet d'aujourd'hui : « POURQUOI une ligne de blockhaus à Groisy-Charvonnex ? ».
 
            En effet, pour répondre à la question, il va nous falloir remonter à 1798, date de la création de l'éphémère Département du Léman. Nous verrons ensuite la « zone neutralisée de 1815 » et son adaptation par le général suisse Henri Guillaume Dufour, les incidents diplomatiques de 1883 et 1914 à son sujet. Nous présenterons la stratégie du général suisse Henri Guisan en1939 et les préoccupations qui en découlèrent pour l'Etat-Major français, étant donné la situation militaire française et les plans de la Wehrmacht.
 
            Compte tenu de tous ces éléments, nous comprendrons peut-être le POURQUOI de ces blockhaus construits dans ces communes pendant l'automne et l'hiver 1939-1940. Vous serez ainsi mieux à même de les étudier sur le terrain au mois de mai, sous la conduite du général Yves Barde, spécialiste de la fortification. Vous avez à votre disposition des cartes, parfois maladroites puisque manuscrites,qui vous aideront à suivre un exposé d'amateur d 'histoire locale et non d'un professionnel.
 
Commençons par nous reporter 215 ans en arrière...

1) Le Département du Léman (1798-1814)
 
1798 : la France commence à digérer les grandes réformes révolutionnaires. Mais en même temps elle poursuit une politique d'expansion territoriale sur la rive gauche du Rhin et une politique d'exportation de la Révolution par la création d'une série de « Républiques sœurs », par exemple la République Cisalpine de Bonaparte en Italie. En janvier 1798, le Pays de Vaud se révolte contre le gouvernement aristocratique de Berne et fait appel au Directoire. L'armée française pénètre en Suisse, renverse l'ancien régime et crée la République Helvétique le 12 avril. L'agitation jacobine a évidemment gagné la libre République de Genève. L e 15 avril, 600 hussards français entrent dans la ville de Calvin qui est annexée à la France le 26 avril. Le 25 août 1798, le Directoire décide d'en faire le chef-lieu d'un nouveau département, le Département du Léman.(Carte n°1)
 
Il est constitué du pays de Gex, enlevé à l'Ain et du nord du Département du Mont Blanc. Ses limites ne peuvent empiéter au nord du Lac sur le territoire de la République Helvétique, théoriquement souveraine. Il s'agrandit donc vers le sud. C 'est ainsi que le canton de Thorens, qui comprend les communes d'Aviernoz, des Ollières et de Villaz, est rattaché à l'Arrondissement de Bonneville alors que Groisy dépend de celui de Genève. Vous retrouverez ces limites sur la carte n°6. Elles ne seront alors pas étrangères à notre sujet.
 
Passons sur les 15 années d 'existence de ce département du Léman pour arriver en 1813-1814. La France est envahie par les armées anglaise, prussienne, russe et autrichienne. Au Sud-Est, le général autrichien Bubna von Litié traverse sans encombre le plateau suisse et se présente le 30 décembre 1813 devant Genève. La ville est évacuée par les Français et, dès le lendemain, la République ancestrale de Genève est rétablie. Napoléon aux abois envoie, pour combler la brèche, le maréchal Augereau qui, battu, capitule le 12 avril à Valence. Les Autrichiens pillent la région avant de l'évacuer...
 
1815 : les « Cent jours »... Rebelote. Après Waterloo (18 juin), par le même chemin, revoici Bubna et ses soudards déchaînés qui atteignent Lyon le 15 juillet. En 18 mois, deux invasions du Sud-Est de la France par la voie helvétique. Le souvenir en reste gravé dans la mémoire collective, malgré le nouveau statut de la Suisse élaboré au Congrès de Vienne.
 
 
2) La zone neutralisée (1815-1919)
 
Dès le 2 novembre 1814, les représentants des puissances coalisées contre Napoléon se réunissent à Vienne (Autriche) pour remodeler I'Europe après la tourmente révolutionnaire.
 
Après sept mois de négociations, non interrompues par l'aventure des « Cent jours », fut signé l'Acte final du Congrès, le 9 juin 1815. Certains articles touchaient de près notre sujet. Le Congrès reconnaissait la Confédération Helvétique agrandie de trois Cantons, dont Genève et le Valais, et garantissait collectivement sa neutralité absolue. La Savoie, redevenue sarde au traité de Paris le 20 novembre, perdait en 1816 (traité de Turin) quelques communes, dont Carouge, au profit du nouveau Canton de Genève pour lui assurer un hinterland économique.
 
Mais on habilla la chose comme une compensation pour un engagement de la Confédération. En cas de conflit entre états limitrophes de la Suisse, la Confédération avait le droit d'occuper militairement une « zone neutralisée » (carte n°2 a) de la Savoie du nord. De Vienne, bien lointaine, les diplomates en avaient fixé les limites selon une ligne Ugine – Lescheraines (en Bauges) - la pointe sud du Lac du Bourget - Saint Genix sur Guiers.
 
Cela ne touchait en rien le statut du territoire et de ses habitants qui devaient rester sous la souveraineté et l'administration sardes. Cette zone était seulement et momentanément neutralisée par la présence armée d'un état neutre. Il faut préciser cela car certains commettent (volontairement ou non) bien des erreurs à ce sujet. Certes, tout n'était pas toujours très clair dans les textes. Mais le terme de « zone neutralisée » marquait les esprits et jouera encore un certain rôle en 1939.

 

3) La ligne Dufour (1855)

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Général DUFOUR

Pendant la Guerre de Crimée (1853-1856), sous le Second Empire, on crut un moment que le Piémont, allié de la France, allait en venir aux mains avec l'Autriche qui soutenait la Russie. Or l'Autriche et le Piémont sont limitrophes de la Fédération Suisse. J'emploie à dessein cette dernière expression. Car la guerre civile et religieuse du Sonderbund (1847) a fait changer la Constitution de ce pays. Cette guerre a été gagnée en un mois et presque sans pertes humaines par un génie militaire: le général Guillaume Henri Dufour (1787 – 1875).

Le gouvernement désormais fédéral lui demande en 1855 de présenter un plan pour l'occupation éventuelle de la Savoie du nord. Dufour se rend vite compte que la ligne tracée à Vienne est irréaliste et éloignerait trop et inutilement I 'armée suisse de ses bases. Il propose donc (carte n°2 b) une « frontière militaire suisse ». Son tracé suit le fossé de la rivière des Usses et la ligne des crêtes entre le Faucigny et le Genevois, avec quelques avancées pour garder les cols comme le Col d'Evires.
 
Ce plan est vite connu ; il en existe un relevé de l'époque « copié en Suisse » aux Archives départementales de la Haute Savoie ! Il ne sera jamais appliqué.
 
Mais en 1859, il permet à la Suisse de fermer les yeux sur le passage des troupes françaises en route pour l'Italie par le chemin de fer Culoz-Saint Jean de Maurienne. Il jouera aussi un certain rôle au moment de l'élaboration de la « zone franche » octroyée par Napoléon III lors de l'Annexion de 1860. Il en explique bien des bizarreries du tracé. Mais cela est une autre histoire...Nous verrons bientôt son influence sur la pensée de l'Etat Major français en 1939.
 
 
4) Problèmes à propos de la zone neutralisée
 
Par deux fois, la Suisse fit appel à cette « zone neutralisée » contre notre pays. Après la guerre désastreuse de 1870-1871, la France veut couvrir toutes ses frontières par une ligne de forts du système « Séré de Rivière ». Aucun problème pour les places fortes de Tarentaise et de Maurienne. Mais quand il est question, en 1883, de fortifier la montagne du Vuache pour protéger le Genevois français, la Suisse a vite fait  d'intervenir au nom de la zone neutralisée de 1815. Le gouvernement de Jules Ferry a la sagesse de ne pas insister, d'arrêter les premiers travaux et de retirer les projets...
 
A l'été 1914, les hôtels d'Aix-les-Bains sont transformés en hôpitaux militaires. La Suisse intervient car les blessés soignés et guéris en zone neutralisée pourraient retourner au front ! Un compromis est vite trouvé. On ne soignera à Aix-les-Bains que des blessés gravement touchés et définitivement hors de combat. Après la fin de la guerre, pour le traité de Versailles (1919), petit échange d'amabilités entre États. Par l'article 435, la Suisse accepte la suppression de la « zone neutralisée » moyennant l'appui de la France pour que Genève soit le siège de la Société Des Nations (S.D.N.), ancêtre malheureux de I'O.N.U. Cet article ne sera ratifié par les deux parties qu'en 1928.
 
Le problème sera plus épineux avec la suppression unilatérale par la France de toute zone franche autour de Genève (1923). Il faudra le Tribunal international de La Haye pour trancher le différend 10 ans plus tard. Entre temps s'élève la menace d'un nouveau conflit européen. La neutralité suisse risque de n'être qu'un nouveau « chiffon de papier ». Le pays commence à penser à la défense de son territoire.
 
 
5) La stratégie du général Guisan (1939-1940)
 
L’Allemagne hitlérienne réarme, remilitarise la rive gauche du Rhin, annexe l'Autriche, démembre la Tchécoslovaquie puis l'occupe malgré les accords de Munich. Quand elle passe à la Pologne, c'est la guerre.
 
Dès le 30 août 1939, la mobilisation générale est décrétée en Suisse : 456.000 soldats sous les armes, 40.000 pièces d'artillerie, 22.000 chevaux, 12.000 blindés. Ce même jour, ces troupes sont placées sous le commandement du général Henri Guisan (1874-1960).

 

En 1933, naît en Suisse l'idée du « Réduit national », portion la plus montagneuse du territoire, capable de résister à une invasion pour y maintenir la souveraineté nationale. Commence alors la construction de fortifications ultramodernes axées sur 3 points-clés : les forteresses de Saint Maurice en Valais, du Saint Gothard et de Sargans (carte n°3).

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Général GUISAN

L’Allemagne hitlérienne réarme, remilitarise la rive gauche du Rhin, annexe l'Autriche, démembre la Tchécoslovaquie puis l'occupe malgré les accords de Munich. Quand elle passe à la Pologne, c'est la guerre.
 
Dès le 30 août 1939, la mobilisation générale est décrétée en Suisse : 456.000 soldats sous les armes, 40.000 pièces d'artillerie, 22.000 chevaux, 12.000 blindés. Ce même jour, ces troupes sont placées sous le commandement du général Henri Guisan (1874-1960).

Ce général décide aussitôt d'appliquer la stratégie du Réduit national (carte n°3). Il ne laisse qu'un léger rideau de « postes sonnettes » le long des frontières et regroupe ses forces derrière les fossés des lacs, du fleuve Aar et de la rivière Serine. Guisan avoua lorsque, face à une invasion, il ne pourra résister que 4 ou 5 jours. C'est seulement en juillet 1940 qu'après une démobilisation partielle, il s'en tiendra au vrai Réduit national des montagnes pouvant tenir plusieurs mois.
 
En attendant l'axe Bâle-Genève est déjà laissé sans défense, ouvert à une invasion rapide. Cela n'est pas sans poser un problème à l’État Major français du général Gamelin.
 

6) Le problème du Secteur défensif n°22 (1939)
 
Il suffit de regarder la carte n°4 pour comprendre le problème. André Maginot (1877-1932) a fait voter la loi du 4 janvier 1932 qui concrétise le projet Painlevé de 1925. Une ligne fortifiée, théoriquement continue le long des frontières (y compris le Sud Tunisien avec la ligne Mareth !). Mais cette « Ligne Maginot » sera loin d'être continue. Pour ne pas déplaire à la Belgique, de simples fortifications de campagne au nord, pour ne pas déplaire à la Suisse, surtout face à Genève, rien dans le Secteur défensif n°22.
 
Et si I'O.K.W. (Haut Commandement de la Wehrmacht) reprenait le chemin des Autrichiens de Bubna ? Les Allemands passeraient par la partie dégarnie de troupes, par la Suisse dont « la neutralité pourrie » est aux mains de « minables portiers d'hôtel », comme le disait Goebbels.

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André Maginot

 
La supposition n'était pas qu'une simple vue de l'esprit. On a pu consulter les plans d'invasion de la Suisse, confiés à I'O.K.H. (Haut Commandement de l'Armée de terre) dont on a retrouvé les archives (K. Urner, Il faut tenter d'avaler la Suisse Zurich 1990, traduction française 1996). Tous ces plans sont regroupés sous l'appellation «Opération Tannenbaum ». Ceux de 1939 sont encore vagues : des études de routine d’États Majors friands de « kriegsspiele ». Ils deviendront plus sérieux en 1940-41. Mais ils existaient déjà en 1939.
 
Donc l’État Major français ne nageait pas dans l'utopie lorsqu'il envisageait cette hypothèse. En conséquence, il activa le Secteur défensif n°22.
 
 
7) La mise en défense du Secteur Défensif du Rhône (automne 39-printemps 40)
 
Ce secteur s'étendait du Col de la Faucille jusqu'au Mont Blanc. Dès septembre 39, il est rattaché à la 6ème Armée (qui deviendra «l'Armée des Alpes » en décembre 39) dont le Quartier Général est à Valence avec le général Olry à sa tête. Ce secteur est aux ordres du général Michal qui établit son Q.G. à Annecy. Il est divisé en 3 sous-secteurs : Sous-secteur Faucille-Fort l'Ecluse, Sous-secteur du Chablais, Sous-secteur de l'Arve.
 
Sous-secteur Faucille-Fort l'Ecluse :
Le vieux Fort l'Ecluse, sur la rive droite du Rhône, a été modernisé dans la décennie 1840 par le général Haxo. Reprenant du service, il est réarmé par 2 compagnies du 179ème Bataillon Alpin de Forteresse et un appui artillerie du 164ème Régiment d'Artillerie de Position. Il peut barrer la route et la voie ferrée de Lyon. D'ailleurs il montrera sa capacité défensive en juin 1940.
 
Sous-secteur du Chablais :
Depuis 1928, nous l'avons vu, la « zone neutralisée » de la Savoie du nord n'existe plus. Donc aucun empêchement pour fortifier les débouchés de la Suisse sur cette partie du département (carte n°5) . D'abord les ouvrages de Meillerie et de Lajoux, à l'est de Thollon, barrant la route le long du Lac Léman, puis les ouvrages de La Chapelle d'Abondance, contrôlant le débouché du Pas de Morgins avec même une casemate pour canon antichar. Rien par contre au Col des Montets qui donne accès à Chamonix. Ce serait inutile car la forteresse suisse de Saint Maurice en Valais ferme à clé la haute vallée du Rhône.
 
Ces constructions ne poseront aucun problème diplomatique, le Canton du Valais ne soulevant aucune objection.
 
Sous-secteur de l'Arve :
En sera-t-il de même dans ce secteur limitrophe du Canton de Genève, très attaché à son passé (voyez la fête de l'Escalade !), susceptible et pointilleux comme il l'a montré dans le règlement du différend sur la zone franche, différend qu'il a d'ailleurs fait gagner à la Suisse contre la France devant le Tribunal International de La Haye en 1933 : 6 ans seulement auparavant … Surtout, ne pas fâcher Genève!

8) Cas particulier du Sous-secteur de l'Arve
 
Dans cette portion du secteur, la pratique militaire de la « ligne de crêtes » aurait dû mener à fortifier la montagne du Vuache, le Col du Mont Sion et le Mont Salève. Cela aurait d'ailleurs été dans la logique de sa dénomination. Mais il ne faut pas chatouiller la susceptibilité de Genève. Pourquoi alors ne pas prendre Genève à son propre jeu et réutiliser, mais cette fois-ci au compte de la France, la « frontière militaire » de la « ligne Dufour » ?
 
La ligne des Usses :
On va donc fortifier la rive gauche du fossé des Usses, limite de cette « frontière », infranchissable si l'on mine les ponts de la Caille. On y édifie quelques ouvrages bétonnés et surtout des abris en rondins, semblables aux cagnas de la guerre de 1914-1918.
 
Signalons déjà que le dernier ouvrage à l'ouest de cette ligne sera utilisé lors des combats de juin 40 qui arrêtèrent la progression allemande vers Seyssel.
 
La ligne des ouvrages de Groisy Charvonnex (carte n°6) :
Pour barrer l'accès d'Annecy à partir du Faucigny, la Ligne Dufour permet d'armer le sud de Groisy puisque le nord, le plateau de Fontaine Froide avait seul été retenu par Dufour en 1855. D'où les 3 ouvrages commandant la départementale n°2. Charvonnex offrait au nord le fossé du Nant des Alouettes qui se jette dans le torrent de Fillière. La ligne fortifiée s'imposait derrière ce fossé. Sur la rive gauche de ce torrent, l'ancien département du Léman.
 
Pour des raisons de pratique, et peut-être de diplomatie, on se contentera de barrer la gorge au sud par les ouvrages de Dingy Saint Clair : un abri caverne sur la rive gauche du Fier et un ouvrage circulaire sur la rive droite (carte n°5). Le tout est complété par l'ouvrage du pont de Morette au cas où des éléments adverses seraient passés par le défilé des étroits.
 
 
9) Construction des ouvrages 
 
Pendant la « drôle de guerre » de l'hiver 39-40, 280.000 hommes (la M.O.M. : Main d'Oeuvre Militaire dont 50.000 républicains espagnols réfugiés et internés en France) travaillèrent à construire des ouvrages défensifs sur tout le territoire. Parmi eux, à Charvonnex, 2 compagnies du 614ème Régiment de Pionniers, composé en majorité d'hommes âgés en provenance de Clermont Ferrand. Ils n'avaient pas eu le temps d'achever leurs ouvrages lorsqu'au printemps 40, les hommes du 9ème Régiment de spahis de Valence vinrent les occuper. Mais, début juin, les spahis les abandonnèrent pour se porter au devant des troupes allemandes qui menaçaient Chambéry et Grenoble.

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Soldats du 625ème régiment de Pionniers construisant les blockaus de Charvonnex hiver 39-40 (photo prise à Lécy)


Un détail est intéressant à rapporter. L'une des 4 casemates à canon était proche d 'un chemin rural à peine praticable aux véhicules motorisés. Mais ce chemin longeait la voie ferrée La Roche sur Foron-Annecy. Or à l'époque on craignait les trains blindés dont Trotski avait montré l'efficacité lors de la guerre civile russe de 1919-1922. Cela explique la présence insolite de cette grosse casemate à cet endroit.
 
Aucun de ces ouvrages ne connut le feu. Les Allemands, arrivant par le sud d'Annecy, s'arrêtèrent sur les rives du Chéran la nuit du 24 au 25 juin 1940, où l'armistice entra en vigueur... Alors, toute cette mise en défense du Secteur du Rhône fut-elle inutile ?
 
 
Conclusion
 
Ne répondons pas trop vite, sans examiner l'ensemble du secteur.
 
Le fort de l'Ecluse, pourtant tourné par le sud, résista 2 jours, les 23 et 24 juin, avec sa centaine d'hommes et ses 6 pièces d'artillerie. En conséquence, le plan allemand d'occuper la rive sud du Léman échoua à la commission d 'Armistice de Wiesbaden. La garnison du fort ne le quitta que le 3 juillet, après que la ligne de démarcation eut été fixée sur la rive droite du Rhône. Ainsi « le trou de Genève », comme l’appelait Hitler, permettait à la Suisse d'avoir un débouché libre qui lui permettait de résister aux pressions allemandes. Pendant plus d'un an, il servit de poumon économique à la Suisse. Ce pays doit une fière chandelle aux soldats du Secteur Défensif du Rhône, dont faisait partie la ligne de défense Groisy Charvonnex, cette ligne que vous visiterez bientôt.
 
J'ose espérer vous avoir fourni quelques éléments qui rendront cette visite plus enrichissante.
 
 
Louis TOUVIER – pour les Officiers de Réserve de Haute-Savoie – Quartier Tom Morel – 27ème BCA – 06/03/2013

CARTE N° 1

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CARTE N° 2

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CARTE N°3

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CARTE N° 4
 
Le secteur défensif du Rhône – n° 22 – est dénué de tout.

Remarque : le secteur 5 – secteur des Ardennes – est classé secteur défensif et non secteur fortifié. Or c'est là que les Allemands attaqueront en mai 40 !

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CARTE N° 5
 
 L'implantation des ouvrages dans le département de la HAUTE-SAVOIE
 

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